top of page
  • Facebook Social Icon

Amma mia


Comment parler d’Amma ? Ou plutôt comment parler de l’expérience Amma ? De MON expérience Amma. Simplement. Evidemment ! Authentiquement. Comment peut il en être autrement ?

Justement, quand mon authenticité ne rejoint pas l’unanimité, que penser ?

Que penser de mon ressenti ? Dois je m’y fier ? Que penser de ce décalage ??

Amma, cette femme au grand cœur, cette femme, symbole international de l’Amour. Cette femme à laquelle on m’associe facilement « Claire, la Amma nantaise » « notre Amma nationale », et à laquelle je me laisse associer volontiers. Je ne connais pas une seule personne qui ne m’ait témoigné de la puissance de son étreinte, vécue dans ses bras. Son « darshan » est entré dans la légende, de son vivant.

En 2013 la 1ère personne à m’en avoir parlé était persuadée que je l’avais déjà rencontrée. Et bien d’autres depuis également.

En montant le 27 octobre à Paris, je n’avais pas d’attente particulière. Du moins, je ne crois pas. J’avais de la joie, ça oui. Quand je suis arrivée à presque 23h, les grilles étaient ouvertes, les allées vides, les chaises aussi. Mais Amma était là, elle, déjà, .. ou encore. J’ai mis un certain temps à la trouver du regard. Les passages s’enchainaient très rapidement.

Malgré les basses températures extérieures et le gigantesque hall presque vide, la température ambiante était chaude. Une femme m’entendant m’interroger sur le passage des câlins a attrapé doucement mon bras pour m’expliquer qu’il n’y avait plus de ticket et qu’il faudrait revenir le lendemain. Elle conseillait d’être à pied d’œuvre dès 6h.

J’ai pris place face à la scène et suis restée assise un certain temps. Spectatrice. Heureuse d’être là. Surprise de ces enchainements ultra rapides, avec tellement de monde autour de chaque mouvement.

Quand j’(a)percevais le visage d’Amma qui se détachait de la mêlée, c’était furtif. On pouvait la voir sur les caméras entrain de rire et de converser en même temps qu’elle prenait le visage de ses visiteurs pour les enfouir sur sa poitrine.

Après m’être imprégnée de l’ambiance générale, j’ai quitté la salle au petit matin.

Le couchage sera précaire et la nuit très courte, si tant est que l’on puisse parler de nuit quand on dort une heure.

Entre le moment où j’ai rejoint la file d’attente à 6h15 et le moment où je suis passée entre les mains d’Amma, 6h se seront écoulées. Elles n’y paraissent pas. L’accueil des bénévoles qui jalonnent notre chemin, de l’entrée du trottoir à la scène finale, en passant par les vestiaires, est irréprochable. Chaleureux, joyeux, aidant, explicatif, guidant, en fonction des stades où nous sommes rendus.

J’ai avancé sur ce chemin en sautillant, comme un poussin qui vient de sortir de sa coquille, enfin de son sac de couchage quoi !

Le documentaire, diffusé sur grand écran, nous parlant d’Amma, de ses actions, de son association est remarquable.

La méditation a été un moment parfaitement apaisant.

Il faut garder un œil vigilant sur les numéros de passage qui défilent, puis arrive le moment où l’on passe de siège en siège en avançant progressivement d’une chaise supplémentaire … vers le Câlin divin.

Dernière rangée. On se déchausse. Dernière ligne droite. Avant la montée sur le podium. Ces quelques marches que j’ai montées pieds nus. L’impression de monter pour une remise de trophée … « et le César du meilleur câlin est attribué à … Claire Hourlier ». C’est une récompense qui sera remise par Amma, cette sage indienne qui a donné naissance à ce mouvement alors que Claire était encore au berceau. Clap clap clap clap clap.

Euh, en fait, ce n’est franchement pas le moment de rêvasser, car il faut aller vite, très vite. Il y a du monde. Chaque seconde est comptée. On nous a remis un papier plastifié dans la dernière rangée pour nous l’expliquer « Amma voudrait passer plus de temps avec chacun, mais il lui tient à cœur de pouvoir rencontrer tout le monde ». Alors il faut être attentif. Ne pas perdre une seconde. Ne pas laisser un espace vide. Les chaises musicales, version accélérée, c’est le jeu. 10 chaises seulement me séparent d’Amma. 9, 8, 7, …le compte à rebours s’accélère encore un peu plus. Je siège désormais sur la dernière assise à 4 pieds. La prochaine posture sera à genoux, sur mes talons. Et je ne suis pas la seule sur mes talons, il y a toute l’équipe qui m’encadre, pour me prendre par le bras, me lever, puis m’accroupir en posant leur main sur mon épaule. Ca fourmille.

Ça y est, je suis face à Elle. Elle prend ma tête qu’elle colle sur son collier -qui m’irrite les paupières. Je ne sais pas où poser mes mains (!), elle me chuchote une mélodie rapide et accélérée qui ressemble à « moncherimoncherimoncherimoncheri »

Elle redresse ma tête, je suis immédiatement tirée vers l’arrière pour m’inviter à me relever très vite, au même moment on me colle quelque chose dans la main. Je suis derrière. Je suis devant. Je suis déjà remplacée. Je n’ai pas croisé son regard. Je n’ai rien ressenti. Je suis debout. Perplexe.

Puis assise, de nouveau, car on nous propose de nous asseoir quelques instants sur la scène pour profiter et faire durer ces instants.

Si je décide de m’asseoir à ce moment, avec mon bonbon dans la main, c’est pour me donner le temps, d’observer ce qui se passe, en moi, devant moi. Je regarde tous ces gestes répétés et empressés pour nous installer devant Amma. Je suis admirative de cette belle organisation. Et déçue. De ce vide.

Comment est ce possible de n’avoir rien ressenti ? Moi, Claire, l’émotive, l’hypersensible, la câlineuse .. face à la déesse de l’Amour ?? Que se passe-t-il ? Que s’est il passé ? Ou pas passé ? Qu’ai-je raté ? Est-ce cet empressement omniprésent qui m’a accaparée et empêché ?

Dès mon arrivée dans la salle j’ai rencontré, « par hasard » des amis. Nous nous sommes câlinés. C’était doux, c’était enveloppant. Mon thermostat interne n’est donc pas cassé … !?

J’essaye de me rassurer, de comprendre.

La rencontre n’a pas eu lieu … ah, donc, j’avais des attentes ?! Non, pourtant … Mais un certain « référentiel ». Au même titre qu’une certaine entreprise patriote joueuse affirme « 100% des gagnants ont tenté leur chance », je portais en moi le slogan caché d’Amma « 100% des câlinés que j’ai rencontrés ont ressenti une puissante vague d’amour sans précédent ».

C’est déroutant d’être celle qui ne ressent rien quand une part de soi même est étroitement associée à Amma… comme un sentiment d’imposture.

Suis redescendue du podium pour regagner les chaises de la salle. Assise. Face à la scène, comme au début. Retour à la case départ. Face à ce défilement incessant et étourdissant. Face aux écrans. Qui ont interrompu la retranscription des paroles des chants sanskris pour afficher une photo d’un soleil naissant entre deux mains ouvertes vers le ciel, desquelles s’envole une citation d’Amma « l’énergie de l’amour pur est en vous ; elle a juste besoin de s’éveiller ».

Mais ouiiiii c’est ça, l’énergie de l’amour pur est en moi. Amma ne peut donc éveiller en moi quelque chose qui l’est déjà … ah ah ah, calme toi Claire, tu flirtes avec la prétention là ! Ou pas … !? Grrr, je ne sais pas, je ne sais plus, je suis un peu perdue .. Me serais-je identifiée aux câlins ?

Ah mais pourquoi en faire toute une histoire finalement me direz vous !? Il ne s’agit que d’un câlin … De quoi vais je témoigner ? « Euh Amma ? oui oui, elle est cool cette meuf, mais moi, non, c’est pas trop ma cam !! » … D’ailleurs dois-je témoigner ? J’ai publié sur ma venue .. Je suis attendue dans mon retour vécu « tu nous diras » « tu penseras à moi » « quelle chance » « profite » est un échantillon de ce que j’ai reçu de mes amis.

Car voir Amma est toujours perçu comme une chance, ceux qui la connaissent attendent impatiemment d’y retourner, et les autres rêvent, un jour, de la rencontrer.

Il y aurait donc un soupçon de culpabilité ? « J’ai la chance d’y être et je ne ressens rien » !!

J’aurais mieux fait de ne pas prévenir, de ne rien dire avant. Je n’aurais pas eu à me justifier après. Qui te demande de te justifier ? Réunion au sommet … de mon crâne ! Les intervenants sont passionnés. Et agités.

« Bah j’ai qu’à dire que c’était bien. Point »

Ah ah ah, les petits arrangements ne sont jamais très loin !!

Clairement, mon témoignage n’est qu’un prétexte. A mettre en évidence ce qui se trame à l’intérieur. Car ce que j’ai ressenti, ou pas ressenti, m’appartient. Entièrement.

Faire le choix de le partager en toute transparence, consciente de la palette de réactions que cela peut susciter –y compris des interrogations, remous, agacements- me donne l’opportunité d’affirmer qui je suis, dans des parties de moi encore vulnérables.

Plus facile d’affirmer que le câlin d’Amma m’a transporté au plus haut des cieux plutôt que de dire qu’il ne m’a rien fait. … drôle de situation. Je ne l’avais pas envisagée ! Mais qu’avais-je envisagé que diable ? Ah non, merci, pas lui !!!

Les surprises de la journée ne faisaient que commencer puisque je me suis fait voler mon sac à main, avec tous mes papiers. Et mon cahier de gratitude. Entre autre.

Le jour où j’ai rencontré Amma, j’ai perdu mon identité. Un symbole ? Non, une réalité !

Alors que je ne comprenais définitivement plus rien à cette journée chaotique, au milieu du commissariat, j’ai souri et j’ai dit « c’est Amma qui nous envoie pour mettre de la lumière dans cet endroit ».

Le soir, quand j’ai couché quelques lignes sur le papier, avec douceur et amertume, j’ai écrit « le jour où j’ai rencontré Amma, (en appelant ma banque) j’ai pleuré ».

Alors ce serait ça le truc ? Compenser l’absence d’émotions lors du câlin par une émotion survenue plus tard ? Tu as pleuré alors tout va bien !!!? L’honneur est sauf !?! J’aurais donc un besoin enfoui de justifier l’authenticité de l’expérience par l’émotion à tout prix ? Waouh !! Alors bénies soient mes larmes, qui n’ont daigné affluer comme elles savent si bien le faire ...

Et cette peur de décevoir. On m’attendait. Ou plutôt JE m’attendais à LA rencontre Amma/Claire, les guerrières de l’Amour en Battle au Paris Event Center. Si vous avez manqué le live, ne manquez pas le replay. Disponible sur vos Androïd.

Mais, malheureusement, pour ma soif d’émotions, la rencontre de cet avatar ne m’a pas impressionnée.

Les choses auraient elles besoin de se vivre dans l’intensité et le sensationnel pour avoir de la valeur à mes yeux ?

Nous sommes tous des êtres d’Amour et nous avons chacun notre chemin pour le révéler, il n’y a pas de voie tracée.

Amma est une des voies qui mène à l’amour, ce n’est pas la seule, ce n’est pas un passage obligé, ce n’est pas un brevet. Il n’y a pas de diplôme de l’Amour, ni de César. Nous sommes tous en scène, TOUS SUR SCÈNE.

Le lendemain, de nouvelles pensées ont émergé. Croire que la nuit pouvait les dissoudre totalement était évidemment illusoire. Mais elles étaient plus claires. Ou complémentaires.

« Amma n’y est pour RIEN si je n’ai rien ressenti.

- Euh, oui, merci pour le scoop, mais ça, on le savait déjà Melle Hourlier !! D’autres révélations à nous faire ??

- Mais alors si elle n’y est pour rien dans ce sens, elle n’y est pour rien non plus dans la situation inverse où les larmes et les émotions diverses se manifestent.

Miroir mon beau miroir, ma rage, ma joie, mon désespoir ne sont que le reflet de ma propre histoire.

- Ben, justement, ça aussi on le sait déjà que nous sommes tous des miroirs les uns pour les autres.

- Non mais là, tu ne comprends donc rien … !!!?? … c’est une « icône » qui s’effondre !!!! De son trône … que j’avais participé à lui dresser, et qui jaillit de sa propre Nature. Simplement. Tout simplement. »

Amma est véritablement une déesse de l’Amour. Ce n’est pas LA déesse de l’Amour, au sens unique et exclusif. C’en est une, parmi d’autres. Et surtout, Amma est une femme, au sens humain du terme.

Amma mia, la vie est remplie de surprises, et tu n’es pas la moindre.

Claire Hourlier


 
 
 
Archives
bottom of page